Contrairement aux autres projets que nous avons menés, « Ciné-Sentiers de l’enfance » n’a pas fait l’objet d’une réflexion préalable. Nous nous sommes jeté(e)s dans cette expérience suite à une proposition de nos ami(e)s de l’Art Rue, notre partenaire depuis maintenant 3 ans. Il était question au départ de confier à Sentiers l’animation de projections-débats destinées aux enfants pendant le festival Dream City en 2017. L’expérience était plus qu’enthousiasmante : nous avons eu envie de la prolonger à travers des projections-débats régulières à Dar Bach Hamba en présence d’enfants scolarisé(e)s dans les écoles de la Médina et ses environs proches et nous l’avons proposé à l’Art Rue. Trois animatrices ont coanimé ces séances : Anissa Troudi, Insaf Machta et Leïla Galaï qui n’as pas pu nous accompagner jusqu’au bout en raison de son départ en France.

1ère année :

Nous avons commencé à Dar Bach Hamba en décembre 2017 avec un groupe de 25 enfants d’une extrême turbulence et d’une grande vivacité. Impossible d’obtenir le silence pendant la projection, un désir irrépressible de prendre la parole, quitte à répéter ce qui a été dit, quitte à s’interrompre les un(e)s les autres. En dépit de cette cacophonie, des points de vue intéressants ont pu être exprimés par certain(e)s et on s’est dit qu’il y avait moyen de faire émerger du sens de cette expérience à première vue chaotique. Les séances se sont succédés à raison d’une séance par semaine, la turbulence était toujours au rendez-vous, nous avons tenu à développer l’écoute et à travailler sur la prise de parole en la canalisant tout en valorisant tout ce qui était de l’ordre de la sensibilité à l’image. On ne s’est pas contenté de montrer des films et d’en débattre : on a alterné séances de projections-débats et séances d’analyse filmique et les enfants, du moins certain(e)s ont pris goût à l’exercice. On a continué à faire fi de cette impression de chaos jusqu’à ce qu’a ce qu’on obtienne quelque chose de magique : un silence religieux pendant la projection des Temps modernes de Chaplin suivi d’applaudissements à n’en plus finir.

Il se trouve que cette séance exceptionnelle du point de vue de l’attention des enfants au film a été suivie un atelier de prise de son animé bénévolement par Moncef Taleb en mars 2018. L’exercice consistait à sonoriser un extrait du cirque de Chaplin. Il fallait d’abord relever ce qui, dans l’image, suggère un son et établir une liste des sons à produire et à enregistrer. L’exercice a stimulé à la fois l’attention à l’image et la créativité sur le plan de la fabrication des sons repérés. D’autres sons devaient être cherchés en revanche sur internet mais on laissait cette possibilité uniquement pour ce qui est impossible à obtenir ou à fabriquer comme le rugissement du lion, etc. Il fallait aussi écrire un petit dialogue, l’interpréter et l’enregistrer. La séance s’est terminée par l’insertion des sons sur le logiciel.

L’expérience était tellement enthousiasmante qu’on s’est dit qu’on la renouvellerait dès qu’on aura les moyens de le faire. Lors de la première année on n’avait pas de budget pour ce projet, tout se faisait bénévolement : l’intervention des membres de Sentiers évidemment mais celles de quelques professionnels qui ont voulu nous prêter main forte et s’impliquer à nos côtés. Il en va ainsi de Moncef Taleb et de Nina Khada qui a animé en juillet 2018 un atelier de réalisation. Les projections-débat en alternance avec les séances d’analyse filmique se déroulées dans un calme relatif après l’atelier de prise de son qui a canalisé les énergies et participé à motiver les enfants.

Pour ce qui est de l’atelier de réalisation, on était parti(e) au départ sur la fabrication d’un court documentaire mais les enfants voulaient raconter une histoire sur la Médina en s’inspirant d’un feuilleton qui a eu beaucoup de succès et où il était question des aventures d’un groupe d’enfants dans la Médina de Tunis. Ça a donné lieu à un court métrage intitulé La Clé de la Médina (voir la vidéo dans la rubrique « Ateliers »). A l’occasion de cet atelier, les enfants ont été initiés à toute les étapes de la fabrication d’un film, de l’écriture au montage, passant par le tournage où ils/elles se sont relayé(e)s à l’image et la prise de son.

Débat autour de Contes de la nuit de Michel Ocelot

crédit photo Amine Hattou

Atelier de réalisation animé par Nina Khada, juillet 2018

Crédit photo  Anissa Troudi

2ème année :

Ayant bénéficié d’un financement de l’Institut français de Tunisie, le projet a pu se développer au cours de la deuxième année. Nous avons reconduit le même principe : des séances de projection-débat et d’analyse filmique et des ateliers de fabrication de l’image et du son. Le projet a englobé également une école primaire. On a alterné les séances de projection-débat d’octobre jusqu’au mois de juin à Dar Bach Hamba et à l’école primaire de Bab Souika. A Dar Bach Hamba, nous avons retrouvé un noyau dur d’enfants ayant suivi nos ateliers l’année précédente en plus de quelques nouveaux. Les séances se déroulent désormais dans le calme et nous avons pu mesurer les progrès des enfants sur le plan de l’écoute, de l’échange mais également au niveau de la sensibilité à l’image et des aptitudes à l’analyse.

Pendant l’été, nous avons choisi un groupe d’enfants de Bab Souika et de Dar Bach Hamba parmi les plus assidus pour participer aux ateliers pratiques à Dar Bach Hamba. Trois ateliers ont été organisés :

  • Un atelier de film d’animation qu’on a confié à Ala Eddine Abou Taleb qui s’était distingué par Diaspora , court métrage primé dans plusieurs festival dont le Tanit d’or aux JCC 2015 et qui compte parmi les rares cinéastes spécialisés dans le film d’animation et à Chaïma Chorfane qui a travaillé avec les enfants sur le montage. L’atelier a commencé par l’écriture collective de deux petits scénarios. On leur a expliqué ensuite le principe sur lequel repose l’animation et leur a fait une petite initiation technique. Ils/elles ont fabriqué par la suite les décors et les personnages et ont procédé aux prises de vue selon le principe du cinéma d’animation. Ils/elles ont enregistré des sons et des dialogues. A l’aide d’une projection du logiciel de montage, Chaïma a expliqué le principe du montage dans le cinéma d’animation avant de procéder à l’insertion des sons et des dialogues. Les deux films (visibles dans la rubrique « Ateliers ») ont été projetés le dernier jour en présence des parents et ils ont été suivis de la projection de Diaspora de Ala Eddine Abou Taleb et de son making-off. Le cadeau de Ala a consisté à avoir amené la figurine correspondant au personnage principal du film ; les enfants ont pu avoir une idée du travail sur les proportions dans le cinéma d’animation. Le débat sur Diaspora a révélé la sensibilité des enfants à l’image et au travail sur le son mais également leur attention à la fabrication du film. L’atelier les ayant initié(e)s à la fabrication du film l’animation a eu pour conséquence de les amener à intégrer cette dimension dans leurs commentaires sur le film du réalisateur qui a animé l’atelier.
  • Un atelier de réalisation documentaire ayant duré 5 jours, animé par Lamine Ammar-Khodja, Anissa Troudi et Chaïma Chorfane. L’idée de Lamine Ammar-Khodja a consisté à amener les enfants à faire un documentaire sur les animaux dans la ville et à s’interroger sur les visions que les gens peuvent avoir des animaux en mettant en place un dispositif autour de la réception des images des animaux, s’inspirant en cela d’un court documentaire d’un autre jeune cinéaste algérien, En remontant Cervantès de Hassen Ferhani. Dans ce court métrage, on voit quelques personnes, une à une, réagissant à un tableau exposé au musée des Beaux Arts d’Alger. D’autres images ont été montrées aux enfants : La Petite fille et son chat des frères Lumière et une série de photos de chiens prises par le photographe américain Elliott Erwitt. Toutes ces images ont été commentées de manière collective. Le lendemain les enfants divisés en 3 groupes sont allés prendre des photos d’animaux dans la Médina et au centre-ville de Tunis. Ces photos ont été commentées pendant une journée. Une sélection a été faite. Les enfants sont repartis filmer dans la Médina les réactions des adultes aux photos prises après qu’on a fait un tirage de photos sélectionnées. On a fait un tout premier montage où on a mis bout à bout des prises de vue correspondant aux réactions des adultes. Ce premier montage a été projeté et suivi d’un débat. Suite à ce débat, on a décidé d’organiser un atelier de montage en octobre autour de la même matière filmée en juillet.
  • Un atelier de photo d’une journée animé par l’artiste plasticien et photographe Abdelaziz Ben Gaïd Hassine : la matinée a été consacrée à une initiation à l’histoire de la photographie, à la présentation de plusieurs appareils photos argentiques et numériques et à une initiation technique. L’après-midi les enfants ont été initié(e) au portrait photographique. Ils/elles ont pris des photos de statuettes qu’ils/elles ont trouvées à Dar Bach Hamba et ont réalisé des portraits à tour de rôle (voir les photos dans la rubrique « Ateliers ».
  • L’atelier de montage ayant eu lieu en octobre a été animé par Lamine-Ammar Khodja et Siryne Loued. Il s’agissait de reprendre la matière filmée (1h de rushes) en juillet et d’initier les enfants à sa réorganisation en fonction de partis-pris clairs afin d’obtenir deux montages de deux 10 minutes chacun. Des plans de montage ont été élaborés sur papier, un choix a été opéré au sein de la matière filmée. Il a fallu ensuite transposer les plans de montage sur le logiciel, décider de la durée des plans et de leur ordre. On a obtenu deux montages différents des Animaux de la ville, visibles dans la rubrique « Ateliers ».

Après l’atelier de montage, on a repris les projections-débats à Dar Bach Hamba et à l’école primaire de Bab Souika jusqu’à décembre.

Débat autour de La Petite vendeuse de soleil à l’école primaire de Bab Souika
Projection-débat autour du Ballon blanc de Jaafar Panahi à Dar Bach Hamba
Projection-débat autour de On est bien comme ça de Mehdi Barsaoui à l’école primaire de Bab Souika
Ateliers de prise de son animé par Moncef Taleb
Atelier de film d’animation animé par Alaeddine Abou Taleb et Chaïma Chorfance
Atelier de réalisation documentaire par Lamine Ammar-Khodja
Atelier de photographie animé par Abdelaziz Ben Gaïed Hassine
Atelier de montage animé par Lamine Ammar-Khodja et Siryne Loued
3ème année :

A partir de janvier 2020, nous avons étendu nos activités à une autre école primaire, celle de la rue El Marr, située tout près de la Médina de Tunis. Cela n’aurait pas pu se faire sans les bénévoles de Sentiers : Lorand Revault (bénévole externe) et Insaf Machta ont continué à animer des séances à Dar Bach Hamba et à l’école primaire de Bab Souika et Siryne Loued, alternativement accompagnée par Anissa Troudi et Chaïma Chorfane, a animé des séances à l’école primaire de la rue El Marr.

Pour ce qui est du groupe de Dar Bach Hamba, dont un noyau dur de collégienne revient pour la 3ème année consécutive, les progrès sont réjouissants. On a fini par confier à quelques collégiennes la présentation des films et l’animation des débats et on a pu leur montrer des films aussi difficiles que La Belle et la bête de Cocteau ou Le Miroir de Panahi. Quant aux deux écoles primaires, les séances sont doublement marquées par la turbulence et la vivacité des enfants. L’essentiel consiste lors des premières séances à essayer d’obtenir le calme lors de la projection, à canaliser la turbulence et l’impatience à prendre la parole lors du débat et à travailler sur l’écoute. Des progrès ont été constatés au bout de quelques séances. Mais nos activités ont dû s’interrompre assez tôt (en mars) en raison de la crise sanitaire du corona virus.

Nous n’avons pu reprendre qu’au mois de juin mais uniquement à Dar Bach Hamba vu que les établissements scolaires étaient fermés. Mais on a fait en sorte qu’il y ait lors de la reprise des projections-débats qu’il y ait des élèves de Bab Souika et de la rue El Marr. Deux séances de projection-débats ont eu lieu. Elles se sont déroulées dans le calme et dans le respect des gestes barrières par les enfants. Les débats étaient très intéressants et les commentaires de certain(e)s participant(e)s ont révélé des aptitudes certaines à l’analyse. La dimension politique de ces deux films d’animation que sont Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault et Le Tableau de François Laguioni n’ont pas échappé aux plus âgé(e)s qui ont révélé ainsi non seulement leur sensibilité à l’image mais également une attention au sens symbolique et son lien avec la dimension politique des films.

Nos activités pratiques ont pris une autre tournure pendant l’été 2020. Les ateliers de fabrication de films étant difficiles à organiser dans le respect des gestes barrières, on a opté pour des ateliers qui privilégient davantage la réflexion sur l’image et sur la conception de l’image.

Le 1er atelier porte sur l’analyse filmique. Il a été animé par Insaf Machta, Rima Gtari, Siryne Loued et Lorand Revault. On a choisi 5 (dont certains ont été montrés aux enfants au cours de nos séances de projections-débats). Ces 5 films ont été projetés, souvent précédés d’une présentation préparée et dites par les enfants eux/elles-mêmes. Les discussions ont été assez longues et ont débouché sur le choix d’un extrait ou d’une séquence à analyser. L’exercice de l’analyse a permis aux enfants d’être très attentifs aux détails et au fur et à mesure qu’on avançait, certain(e)s sont devenu(e)s capable de prendre en charge de bout en bout l’analyse d’un extrait. Ce qui était frappant aussi, c’est l’aptitude à l’échange, à rebondir en vue d’une construction progressive du sens.

Lors de la 3ème journée consacrée au Tableau de François Laguioni, nous avons accueilli l’artiste plasticien Nabil Saouabi qui a initié les enfants à une lecture du film à la lumière de l’histoire de la peinture moderne.

Le 2ème atelier (5 jours) a été consacré à la conception d’affiches de films. Il a été confiée à une jeune graphiste : Lilia Ben Achour. Le corpus de films retenu est celui sur lequel a porté l’atelier d’analyse filmique. Après avoir répondu aux questions : qu’est-ce qu’une affiche de films ? Qu’est-ce qu’on y met ? et commenté des affiches de films, L’essentiel du travail a porté sur le choix d’éléments visuels à retenir (arrêts sur images et sélection des éléments) et au travail de composition sur photoshop (une initiation aux possibilités et aux outils du logiciel était nécessaire). Les enfants se sont relayé(e)s pour choisir un ou plusieurs plans de l’un des cinq films au programme, pour réfléchir aux éléments visuels les plus significatifs et les plus pertinents à leurs yeux. L’animatrice exécutait dans un premier temps les idées des enfants dans un esprit d’expérimentation qui faisait que l’affiche se composait progressivement. La 1ère composition était discutée par les enfants et améliorée à la lumière des suggestions formulées. 8 affiches ont été produites dans le cadre de l’atelier, elles ont été finalisées, imprimées et exposées le dernier jour (voir rubriques « Ateliers »). Les enfants ont présenté leurs affiches au public constitués des membres des deux associations et des parents, les présentations ont fait l’objet de captations vidéos visibles dans la rubrique « Ateliers ».

A partir d’octobre 2020, nous reprenons les projections-débats dans les trois lieux : Dar Bach Hamba et les écoles de Bab Souika et de la rue El Marr. Nous organiserons d’autres ateliers pratiques pendant les vacances de décembre.

Nous nous fixons comme objectif d’ici deux ans de préparer celles qui participent à nos activités depuis plus de 3 ans à animer elles-mêmes un ciné-club pour enfants à Dar Bach Hamba et de les accompagner dans leur travail d’animation. Passer le flambeau étant pour nous le maître-mot de cette expérience de transmission plus que gratifiante.

Séance de projection-débat autour de Kirikou et la sorcière à Dar Bach Hamba animée par Lorand Revault et Insaf Machta
Séance de projection-débat autour du Ballon rouge d’Albert Lamorisse à l’école primaire de Bab Souika animée par Lorand Revault et Insaf Machta
Séance de projection-débat autour de Pousses de printemps d’Intissar Belaïd à l’école primaire de la rue El Marr animée par Siryne Loued et Anissa Troudi, crédit photos Amine Hattou
Atelier d’analyse filmique animé par Insaf Machta, Rima Gtari, Siryne Loued, Nabil Saouabi, Lorand Revault
Atelier de conception d’affiches de films animé par Lilia Ben Achour

4ème année (2020-2021)

Une trentaine de projections-débats ont été organisées dans trois lieux (Dar Bach Hamba, école primaire de Bab Souika, école primaire de la rue El Marr). Le nombre des participant/e/s a varié entre 6 et 20 par séance.

Ces projections-débats étaient régulières : une fois par quizaine dans chaque lieu mais à partir de mars 2021, toutes les semaines à Bab Souika.

L’équipe des bénévoles qui a animé ces séances s’est agrandie. 9 animateur/trice/s ont pris part à l’aventure : Anissa Troudi, Valentina Zagaria, Lorand Revault, Siryne Eloued, Hamza Chakroun, Aida Ben Ammar, Ryma Gtari, Hichem Ben Boubaker, Insaf Machta.

En plus, des projections-débats, nous avons organisé deux ateliers de création à Dar Bach Hamba pendant l’été 2021 : un atelier de Storyboard et un atelier de réalisation documentaire. Nous en rendons compte dans la rubrique „Ateliers”

A l’école primaire de la rue El Marr, nous avons eu un petit groupe particulièrement turbulent ; la mise en place du rituel de la projection, obtenir le silence et le travail sur l’écoute ont pris du temps. L’instabilité du groupe (un noyau dur certes mais des nouveaux d’une séance à l’autre pendant les premiers mois) a fait en sorte que les objectifs n’ont pas été atteints rapidement (concentration pendant la projection, écoute et prise de parole pendant le débat). La programmation faite essentiellement de films d’animation était plutôt volontairement éclectique. On a montré des courts métrages, surtout au début, pour pouvoir avoir le temps de travailler sur la circulation de la parole pendant les débats. Au bout de quelques mois, on est parvenu/e à obtenir le silence pendant les projections, des progrès considérables au niveau de l’écoute et de la prise de parole ont été constatés vers la fin de l’année scolaire.

A l’école primaire de Bab Souika, ces objectifs ont été atteints assez rapidement. Le groupe s’est stabilisé au bout de quelques séances et la prise de parole par les enfants a été remarquable d’autant plus que la tentation du jugement a cédé la place assez rapidement à l’expression de l’émotion. Ces résultats ont été atteints grâce à la collaboration avec la directrice de l’établissement qui a veillé à la stabilité du groupe d’une séance à l’autre et au passage d’une périodicité plus soutenue de l’activité : d’une fois par quinzaine, on est passé à partir de mars 2021 à une fois par semaine grâce au renforcement de l’équipe des bénévoles. La programmation était éclectique au début mais on s’est acheminé/e vers une programmation sous forme de cycles : néoréalisme italien, puis comédie musicale. Ce dernier genre nous a permis d’initier les élèves au passage du muet au parlant notamment avec le choix de Chantons sous la pluie. La question du passage du muet au parlant a été également approfondie par le choix de Yoyo de Pierre Etaix et des Temps modernes de Chaplin.

Dar Bach Hamba

Les objectifs de cet atelier sont plus ambitieux que ceux en milieu scolaire pour la simple raison que nous intervenons à Dar Bach Hamba pour la 4ème année consécutive et qu’on a vu certaines participantes passer de l’enfance à l’adolescence

La programmation de la 4ème année était encore plus exigeante que celle des années précédentes. Il y avait au programme plus de films français (Le Voyage du prince de Jean François Laguionie, Les Quatre cents coups de François Truffaut, Zazie dans le métro de Louis Malle) et certains n’étaient pas sous-titrés en arabe. Le niveau de compréhension du français par les adolescentes a permis ce choix de films d’auteurs français. Il y avait aussi des films d’auteurs italiens (Miracle à Milan et Umberto D. de Vittorio de Sica).

Les plus âgées ont appris à présenter les films et à animer les débats, à donner la parole, à rebondir par moments sur les interventions des un.e.s et des autres. Ces aptitudes ont fait en sorte que les membres de l’équipe de Sentiers se perçoivent plus à partir de la 4ème année comme accompagnateur/trice/s que comme animateur/trice/s.

On a initié aussi cette année une expérience qui n’était pas prévue : les participant/e/s aux ateliers se sont constitué/e/s en jury dans le cadre du festival italien « Monte Local Young » et ont écrit de manière collective un texte sur le film qu’ils/elles ont primé. Le groupe a reçu la mention spéciale du jury pour leur article écrit en dialectal tunisien, puis traduit vers le français par l’équipe de Sentiers et vers l’italien par les partenaires italiens.

C’est une autre perspective qui s’ouvre et qui est à explorer davantage lors de la 5ème année : la production de textes critiques sur les films.

Liste de quelques films projetés lors de la 4ème année

Le Voyage du prince de Jean-François Laguioni (Dar Bach Hamba)

Kirikou et les bêtes sauvages de Michel Ocelot (Bab Souika et El Marr)

Les Quatre cents coups de François Truffaut (Dar Bach Hamba)

Ponyo sur la falaise de Miyazaki (El Marr)

La Petite vendeuse de soleil de Djibril Diop Mambéty (Bab Souika)

Le Ballon rouge d’Albert Lamorisse (El Marr)

Eye and mermaid de Shahd Ameen (Bab Souika et El Marr)

Jour de fête de Jacques Tati (Dar Bach Hamba)

Tel père, tel fils de Hirokazo Kore Eda (Dar Bach Hamba)

Le Tableau de Jean-François Laguioni (Bab Souika et El Marr)

Azur et Asmar de Michel Ocelot (Bab Souika et El Marr)

Zazie dans le métro de Louis Malle (Dar Bach Hamba)

Le Voleur de bicyclette de Vittorio de Sica (Bab Souika)

La Nuit du chasseur de Charles Laughton (Dar Bach Hamba)

Miracle à Milan (Bab Souika et Dar Bach Hamba)

Umberto D. de Vittorio de Sica (Bab Souika et Dar bach Hamba)

Le Magicien d’Oz de Victor Fleming (Bab Souika et El Marr)

Chantons sous la pluie de Gene Kelly (Bab Souika)

Mary Poppins de Robert Stevenson (Bab Souika)

Yoyo de Pierre Etaix (Bab souika)

Les Contrebandiers de Moonfleet (Dar bach Hamba)

Zazie dans le métro à Dar Bach Hamba

séance animée par Nourchène Dakoumi

Miracle à Milan et Le Magicien d’Oz à Bab Souika

Séances animées par Anissa Troudi, Aïda Ben Ammar et Lorand Revault

Azur et Asmar et Le Ballon rouge à El Marr

séances animées par Siryne Eloued, Insaf Machta et Zeineb Manaï

5ème année, 2021-22

Nous avons reconduit le même principe lors de la 5ème année : des projections-débats dans deux établissements scolaires (Bab Souika et El Marr) et à Dar Bach Hamba. On a organisé en tout 34 projections-débats entre novembre 2021 et juin 2022 et trois ateliers : film d’animation, critique de films et photographie alternative. Outre les 3 lieux habituels de l’activité, il y a eu une projection-débat dans l’espace jeunesse de la Bibliothèque nationale de Tunisie en présence d’élèves de l’école de la Place du Leader et dont l’animation a été confiée à deux adolescentes de l’atelier de Dar Bach Hamba : Asma Zarrouk et Nourchène Dakoumi. Le film projeté est Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault dans une version sous-titrée en derja par Hajer Bouden et Chaïma Chorfane. La deuxième a eu lieu à l’IFT à l’occasion de l’organisation de l’atelier de film d’animation animé par Florence Miailhe et Siryne Eloued. On a montré La Traversée de Florence Miailhe, dans une version sous-titrée en derja par Hajer Bouden, en présence de la réalisatrice. Le film a été présenté en arabe tunisien par les mêmes membres du ciné-club de Dar Bach Hamba, qui sont les plus anciennes, et le débat qui a réuni la réalisatrice et la traductrice Hajer Bouden s’est déroulé en français et a porté sur le film et sur le sous-titrage en derja et les partis-pris de traduction.

Une équipe d’animateur/trice/s de Sentiers a accompagné les projections régulières dans les trois lieux cités plus haut : Siryne Eloued, Hamza Chakroun, Valentina Zagaria, Lorand Revault, Anissa Troudi Chaïma Chorfane et Insaf Machta. Il faudrait préciser néanmoins qu’à Dar Bach Hamba, deux participantes à l’atelier, les plus anciennes, ont animé la plupart des séances accompagnées de Insaf Machta qui intervenait de moins en moins dans les débats. C’est la raison pour laquelle on a l’intention de confier aux plus anciennes de Dar Bach Hamba l’animation de l’un des ateliers scolaires lors de la 6ème année.

A la rue El Marr, les séances n’étaient pas aussi régulières qu’ailleurs en raison d’un problème de coordination avec la direction de l’école à un moment donné et c’est la raison pour laquelle la programmation était éclectique et faite pour l’essentiel de films grand public comme l’ont souhaité les deux principaux animateur/trice/s Siryne Eloued et Hamza Chakroun. Il serait difficile, au vu de l’irrégularité, d’évaluer les progrès au niveau de la circulation de la parole et de l’écoute.

A Bab Souika, on a essayé tant bien que mal d’organiser des séances toutes les semaines mais il nous est arrivé par moments de les espacer de manière à ce qu’elles aient lieu une fois par quinzaine. La régularité a fait en sorte qu’on a pu concevoir la programmation sous forme de cycles (Animaux, Monstres), il y a eu en revanche retour à l’éclectisme vers la fin de l’année en fonction de découvertes qu’on avait faites et qu’on avait envie de montrer aux enfants. Il y avait de l’agitation lors des premières séances, une agitation accompagnée néanmoins d’un intérêt pour les films, et qui a fini par donner lieu à une certaine discipline pendant les projections et lors de la prise de parole.

A Dar Bach Hamba, les séances étaient très régulières, une fois par quinzaine : on a alterné éclectisme et cycles (Hitchcock, films fantastiques, Haïfa al Mansour). Outre, le renforcement des capacités des participant/e/s en matière de médiation autour des films (présentation, animation des débats), qui est un objectif atteint pour deux participantes comme le montre la très belle présentation qu’elles ont faite de La Traversée de Florence Miailhe à l’IFT, l’ambition était aussi d’enrichir la culture cinématographique de ce groupe dont les plus anciennes suivent l’activité depuis 5 ans. C’est ce qui explique le parti pris de programmation consistant dans le choix de films qui peuvent sembler difficiles d’accès pour les 12-17 ans : les films d’Hitchcock dont certains ont été très bien accueillis par les participant/e/s (Vertigo et Fenêtre sur cour en l’occurrence) et Jacquot de Nantes d’Agnès Varda. Vers la fin de l’année, la programmation d’un cycle consacré à Haifa al-Mansour nous a permis de débattre avec les participant/e/s de certaines questions de société : la mixité, l’égalité des droits et la discrimination à l’égard des femmes en veillant à ce que les termes du débat soient posés par les participant/e/s elles-mêmes juste après la projection et à ce que la compréhension des films soit le point de départ et le point d’arrivée pour limiter autant que faire se peut l’influence de l’animateur/trice adulte au niveau de certaines prises de position concernant les questions débattues.

En plus des projections-débats, nous avons organisé un atelier de film d’animation pendant les vacances de printemps et deux ateliers pendant l’été 2022 dont les principaux/ale/s bénéficiaires appartiennent au groupe de Dar Bach Hamba : un atelier de critique et un atelier de photographie alternative dont nous rendons compte dans la rubrique « Ateliers ».

Liste de quelques films programmés

Cycle « Animaux » à Bab Souika

Crin blanc d’Albert Lamorisse (projeté aussi à El Marr)

L’Ours de Jean-Jacques Annaud (projeté aussi à El Marr)

Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault (en version sous-titrée en derja par Hajer Bouden et Chaïma Chorfance, montré aussi à l’espace jeunesse de la bibliothèque nationale)

Cycle « Monstres » à Bab Souika

King Kong de de Merian Cooper et Ernest Shoedsack, 1933 (montré aussi à Dar Bach Hamba)

E.T. de Steven Spielberg (montré aussi à El Marr)

La Belle et la bête de Jean Cocteau

Cycle Alfred Hitchcock à Dar Bach Hamba

Fenêtre sur cour

Vertigo

Les Oiseaux

La Corde

Cycle cinéma fantastique à Dar Bach Hamba

Les Yeux sans visage de Georges Franju

La Féline de Jacques Tourneur

Cycle « Haïfa al Mansour » à Dar Bach Hamba

Wajda

La Candidate parfaite

Autres films hors cycles

Robin des bois de Wolfgang Reitherman (El Marr)

Courts métrages sur l’environnement dont « The Mountain King » de Brandon Wu et « De planeta » de Leonardo Cavaletti (El Marr)

La Traversée de Florence Miailhe (à l’IFT et à Bab Souika)

Les Lumières de la ville de Chaplin (à Bab Souika)

Les Contrebandiers de Moonflet (à Bab Souika)

Princesse Mononoke (à Bab Souika)

La Candidate idéale et La Féline à Dar Bach Hamba

Séances animées par Asma Zarrouk et Nourchène Dakoumi

La Traversée à l’IFT

Film présenté par Asma Zarrouki et Nourchène Dakoumi

Débat animé par Hajer Bouden en présence de la réalisatrice Florence Miailhe

Les Quatre cents coups et La Belle et la Bête à Bab Souika

Séances animées par Lorand Revault et Valentina Zagaria

E.T. et L’Ours à El Marr

Séances animées par Siryne Eloued et Hamza Chakroun