Le projet Ciné-Sentiers Oued Ellil a démarré en septembre 2019, il devait s’achever en septembre 2020 mais il a été prolongé jusqu’à février 2022 en raison de la crise sanitaire qui a entraîné l’arrêt des activités pendant 4 mois environs. Il est soutenu principalement par European Endowment for Democracy (EED) et dans une moindre mesure par l’IFT et mené en partenariat avec la maison des jeunes de Oued Ellil, Echos cinématographiques et Archipels Images. Il a été conçu comme un projet d’accompagnement du ciné-club de Oued Ellil créé en 2017 à la maison des jeunes de Oued Ellil. Ce projet, à côté de Ciné-Sentiers de l’enfance (Médina de Tunis), marque une nouvelle orientation de l’association. Après une période placée sous le signe d’une itinérance occasionnelle qui nous a amené(e)s à organiser des manifestations à Redeyef et à Menzel Bourguiba, nous avons opté pour l’ancrage dans un territoire proche, à la faveur d’une action qui se déploie sur le long terme et de manière régulière. Nous avons choisi de travailler avec un groupe de jeunes ayant créé une initiative et qui voudraient la pérenniser en dépit des difficultés. Nous avons agi suite à l’expression d’une volonté de collaboration qu’ils avaient exprimée dès 2018 lorsque l’un d’entre eux a participé à l’une de nos manifestations organisées à Redeyef en mars 2018. Et nous avons commencé par une action ponctuelle en juin-juillet 2018 qui a fini par donner lieu à un projet de partenariat inscrit dans la durée. Ce partenariat a pris la forme d’une co-organisation de séances de projection-débat deux fois par mois à la maison des jeunes. Ces séances publiques font l’objet d’un travail de préparation en interne réunissant nos deux équipes : réflexion sur la programmation, initiation à la présentation des films et l’animation des débats, initiation à l’analyse filmique. En plus de l’appui pédagogique, nous avons essayé de faciliter l’accès aux films à nos jeunes partenaires en contactant des cinéastes qui nous ont offert des projections à titre grâcieux et en payant les droits de projection des films distribués en Tunisie. En plus des séances à la maison des jeunes, nous avons soutenu une initiative prise par les jeunes : en 2018, ils ont organisé quelques séances de projection-débat dans une école primaire et créé dans le cadre du projet Génération-Ciné initié par notre partenaire, Echos cinématographiques, un ciné-club dans un collège. Nous avons voulu prolonger et renforcer ces initiatives, en transformant l’intervention à l’école primaire de Chabbaou en un ciné-club régulier, animé par deux membres du ciné-club de Oued Ellil et en pérennisant le ciné-club du collège de Chebbaou. Le travail avec le jeune public est très formateur pour les animateur/trices de ciné-club et il est extrêmement gratifiant en raison de l’implication dont font preuve les enfants et les adolescent/e/s et de l’éveil rapide de leur sensibilité à l’image et de leur capacité à développer un discours assez élaboré et pertinent en très peu de temps. Notre action englobe aussi des ateliers de fabrication de l’image. Deux court-métrages mêlant l’image filmique et l’animation ont été réalisés par les collégien/e/s et les écoliers dans le cadre de deux ateliers animés par Intissar Belaïd, Siryne Loued et Chaïma Chorfane en 2019 et 2020. Deux autres ateliers destinés aux jeunes adultes ont été organisés en septembre et décembre 2021 sous l’intitulé “Photographies sonores”, ils ont été animés par Moncef Taleb, Saïf Fradj, Siryne Eloued et Anissa Troudi et ont donné lieu à la création d’un photo-roman intitulé “Nhar el ethine”.
En plus des séances régulières à la maison des jeunes, nous avons prévu d’organiser une manifestation autour du documentaire et de la question démocratique en mars 2020. Elle devait durer une dizaine de jours et comportaient trois ateliers : analyse filmique (les projections-débats ont été intégrées dans le cadre de cet atelier), photographie documentaire et montage. Des animateurs/trices d’Egypte et de France devaient être parmi nous. Nous avons été obligé(e)s de reporter l’événement à plusieurs reprises et nous l’avons finalement été contraint/e/s de la transformer en un atelier en ligne qui a porté sur les films de Ateyyat Al-Abnoudy et de Nadia Kamel. L’atelier a été animé par le critique égyptien Ali Hussein Al-Adawi et s’est déroulé en présence de Nadia Kamel et d’une vingtaine de participant/e/s.
Ce projet nous a permis d’expérimenter la régularité et nous a conforté(e)s dans cette nouvelle optique de l’association : travailler avec un même groupe de jeunes ou d’enfants sur le long terme et construire sur des acquis qui prennent forme progressivement de manière à renforcer les capacités des acteurs/trices et des participant(e)s est propre à enraciner les activités dans le territoire et à garantir la pérennité des initiatives.
Bilan du projet
Grâce à ces trois années de partenariat avec le Ciné-club de Oued Ellil, s’est affirmée la nouvelle orientation de l’association consistant dans l’accompagnement de collectifs de jeunes oeuvrant pour la diffusion de la culture cinématographique et désireux/se/s, de manière générale, de créer des initiatives culturelles et artistiques comme une réponse à la rareté des activités culturelles là où ils/elles vivent et à la stigmatisation de leur quartier. Cette orientation qui s’est construite progressivement fait aujourd’hui partie de l’identité de l’association. Par certains aspects, le projet a dépassé nos attentes.
Objectifs atteints :
1) Régularité des activités à la maison des jeunes (certaines séances ont eu lieu néanmoins au Cinéma Amilcar)
2) Qualité des échanges autour des films projetés qui reflète une sensibilité grandissante à l’image et un intérêt croissant pour des univers singuliers (le nombre de films grand public a diminué dans la programmation des deux dernières années), qualité des présentations et de l’animation des débats.
3) Engagement des animateur/trice/s des ciné-clubs scolaires (Samia Mechichi et Lokman Soua principalement mais d’autres aussi se sont initié/e/s à la médiation avec le jeune public)
Changements inattendus :
1) Certains collégiens, qui sont maintenant au lycée, sont devenus membres du ciné-club de la maison des jeunes, leur intérêt pour le cinéma est perceptible à travers leur présence quasiment à toutes les séances et leur prise de parole.
2) L’équipe s’est féminisée et a accueilli de nouveaux membres.
3) L’animateur du ciné-club de l’école primaire, Lokman Soua, qui est aussi un instituteur stagiaire, a fait deux reportages avec ses élèves et les a impliqués dans un processus de création participatif.
4) Lokman a eu l’idée également, suite à la demande de ses jeunes collègues du Grand Tunis, de réunir de jeunes instituteur/trice/s pour les initier à la présentation des films et à l’animation des débats. Il s’est déplacé à plusieurs reprises pour animer des séances dans les écoles du Grand Tunis. 4 ciné-clubs scolaires, indépendant de notre initiative, ont été créés au cours de la dernière année.
5) De cette dynamique est né un autre projet commun entre le Ciné-club de Oued Ellil et Sentiers-Massarib : « Ecrans d’école » dont nous rendons compte dans la sous-rubrique consacrée aux deux sessions de formation que nous avons organisées (voir « Ecrans d’école » dans la rubrique « Actions »).
Après la fin officielle du projet, on a continué à collaborer en organisant des séances communes à côté d’une programmation exclusivement conçue par les jeunes du ciné-club et nous avons l’intention de prolonger ce partenariat de manière beaucoup moins soutenue en 2023.
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