La révolution tunisienne est-elle porteuse de significations universelles annonciatrices d’une nouvelle étape de l’histoire et un modèle inédit pour les peuples du monde entier ? Peut-on distinguer dans ce qu’on voit quotidiennement comme résistance sans répit des marginalisés et des couches populaires, des créations intellectuelles et artistiques, des organisations de défense des droits, aux choix que des forces dominantes essaient d’imposer depuis plusieurs années, une aspiration profonde à une démocratie autre et un monde porteur d’expériences différentes de ce que les peuples ont vécu jusqu’ici ? Ce sont quelques-unes des hypothèses de départ de Maher Hanin dans son livre La Société de résistance : post-islamisme, post-bourguibisme, post-marxisme, qui est une lecture des significations de la révolution tunisienne toujours en cours. Le livre est aussi un appel aux forces démocratiques et particulièrement aux forces de gauche à réfléchir à cette résistance, à la comprendre, à en tirer les leçons pour mieux l’accompagner ou donner corps à ses revendications.  Il est clair que les angles verticaux et surplombants qui proposent une appréhension close et définitive du monde et des solutions prêtes à l’emploi, loin du flot des propositions des résistants dans leur diversité ne sont plus de mise. Il est plus que jamais nécessaire de réfléchir, de créer et d’écrire autour de ces propositions et représentations différentes. C’est ce qui a déterminé Sentiers à organiser cette rencontre entre l’auteur du livre et Imed Melliti, qui concentre ses recherches sur le sentiment d’injustice chez les jeunes des quartiers dits populaires. Les deux sont proches par les questions qu’ils posent, mais adoptent des approches et des modes d’analyse très différents. D’où l’intérêt du débat accueilli par l’Association Beity au cœur de la Médina.