L’atelier d’analyse filmique intitulé “Retour sur Jean Rouch” relève de l’approfondissement de la culture cinématographique d’un auditoire constitué d’étudiant/e/s de cinéma, d’animateur/trice/s de ciné-clubs et de jeunes journalistes culturel/le/s. Il a été organisé du 11 au 14 juillet au Rio en partenariat avec Archipels Images, Echos cinématographiques, le Comité du film ethnographique, Les Films de la Pléiade, l’Institut de Recherches sur le Maghreb Contemporain (IRMC) et avec le soutien du CNC et de l’IFT. Il a été animé par Tahar Chikhaoui, critique de cinéma, programmateur et vice-président de Sentiers et a été suivi par 17 participant/e/s.

Parmi les objectifs de l’atelier :

  1. Faire connaître l’œuvre de Jean Rouch à travers une mise en regard entre films tournés en Afrique et films tournés en France.
  2. Explorer à travers des analyses de séquences des aspects de la modernité du cinéma de Jean Rouch.
  3. Interroger sa conception de l’altérité

La programmation reposait sur 4 films de Jean Rouch : ont été visionnés, analysés et discutés Chronique d’un été, co-réalisé avec Edgar Morin, Moi, un noir, Les Maîtres fous et Les Veuves de quinze ans. L’atelier ne se voulait pas une succession de débats purement thématiques proposant une lecture politique ou sociale des œuvres visionnées. C’était plutôt une interrogation et un échange permettant de comprendre comment Jean Rouch, anthropologue de formation, utilise sa caméra, et la subjectivité qu’elle induit nécessairement, afin de restituer au mieux une représentation du réel. Ainsi, chaque projection a été suivie de l’analyse de quelques séquences bien précises, en mettant l’accent sur les procédés de réalisation employés. La question du malentendu entre Jean Rouch et certains cinéastes africains, en l’occurrence Sambène Ousmane, a été explorée à l’occasion du débat autour des Maîtres fous qui a été à l’origine de cette phrase adressée par Sambène Ousmane à Jean Rouch : « tu nous filmes comme des insectes ». L’analyse d’un extrait lors de l’atelier nous a permis d’aborder la mise en scène de ce rituel qui a été l’origine de réactions vives dénonçant une représentation dégradante de l’Afrique comme une entreprise de dévoilement de ce qu’était la violence coloniale perpétrée en Afrique. Nous aurions aimé prolonger cette interrogation sur le cinéma de Jean Rouch par une exploration de ses filiations africaines (nous avions prévu notamment de montrer Zinder de la cinéaste nigérienne Aïcha Macky qui dit s’inscrire dans la lignée de Jean Rouch) mais il y avait beaucoup à faire déjà avec les 4 films de l’inspirateur de la Nouvelle vague.

A l’issue de l’atelier, une riche documentation a été envoyée par mail aux 17 participant/e/s dont la plupart découvraient le cinéma de Jean Rouch à l’occasion de cette activité.